Quand les créateurs « solos » arrivent en limousine
Ce texte met les mots sur un malaise diffus : la comparaison injuste entre créateurs vraiment solos… et ceux qui ne le sont plus depuis longtemps.
J’ai publié une Note sur Substack qui a un peu brassé la cage. Je disais que plusieurs gros noms américains — Dan Koe, Jay Clouse, Alex Hormozi, et maintenant Justin Welsh — débarquent sur Substack après des années à jouer le jeu des réseaux sociaux.
Je mentionnais que Justin parlait carrément d’un « exode ». Les feeds sont pleins de cochonneries, les algorithmes invisibilisent même les gros créateurs, et les interactions deviennent creuses. Rien de bien surprenant. Je disais ça il y a deux ans déjà. À l’époque, plusieurs me trouvaient alarmiste.
Mais j’ai quand même ressenti le besoin de clarifier mon intention pour éviter toute interprétation de travers.
Je n’ai jamais voulu critiquer ces créateurs. Je les suis moi aussi (sauf Hormozi #pascapable). Il m’arrive de partager leurs contenus quand je pense que ça peut être utile à mes lecteurs. J’ai même acheté certaines de leurs formations, surtout à mes débuts, quand je me cherchais encore. Alors vraiment, je ne les mets pas dans une case « à éviter ». Ce ne serait pas juste. Ce sont des gens brillants, qui ont compris comment transformer leur expertise en contenu structuré, engageant, monétisable. Rien à redire là-dessus.
Mais ce que je voulais nommer, c’est le décalage. Et ses effets.
Parce que quand ces créateurs arrivent ici avec toute leur machine — une équipe, un budget marketing, des stratégies huilées, des visuels pro, une fréquence de publication qui fait presque peur — tout en continuant à se présenter comme des créateurs « solos »… ça crée un malaise.
Pas un malaise immédiat. Un malaise diffus, insidieux.
Une impression que si tu n’arrives pas à suivre le rythme, c’est que tu fais quelque chose de travers. Que tu n’es pas « assez ». Pas assez productif, pas assez clair, pas assez expert.
Mais ce n’est pas vrai.
Parce que tu n’as pas la même structure. Tu n’as pas les mêmes moyens ni les mêmes priorités. Peut-être que toi, tu écris tes textes seul·e le soir après ta journée de travail ou entre deux mandats clients. Peut-être que tu réfléchis encore à ce que tu veux bâtir ici. Peut-être que tu veux simplement créer un petit espace à toi, au calme, loin du vacarme algorithmique.
Et c’est parfaitement valable.
Le vrai problème, ce n’est pas que ces gros noms arrivent sur Substack. En soi, leur présence amène de la visibilité à la plateforme, une autre perspective, une certaine légitimité aussi. Le problème, c’est que ça brouille les repères.
Ça crée une illusion de proximité. Comme si on jouait tous au même jeu, avec les mêmes règles.
Mais ce n’est pas le cas.
Et quand on ne nomme pas cette différence de contexte, ça devient facile de tomber dans la comparaison. Une comparaison qui, à force de se répéter en boucle dans nos têtes, devient toxique. On se met à douter de notre façon de faire. De notre lenteur. De notre voix.
Et pourtant, ce qui fait la richesse de Substack, c’est justement ça : sa diversité. Sa capacité à accueillir des créateurs avec des parcours atypiques, des ambitions différentes, des rythmes variés.
Substack est en train de changer. C’est inévitable. Les plateformes évoluent avec ceux qui les habitent. Mais on peut aussi rester lucides sur ce que ces changements impliquent.
On peut continuer à créer en conscience. À notre manière. Sans chercher à reproduire les modèles qui brillent beaucoup, mais qui reposent sur des bases qu’on ne voit pas toujours.
Je voulais simplement remettre ça sur la table. Pas pour créer de la division. Pas pour juger. Juste pour rappeler que tu as le droit d’avancer lentement. De chercher. De douter. De ne pas avoir une équipe derrière toi.
Créer à ton rythme, avec tes mots, ta voix, ta vérité, ce n’est pas moins. Ce n’est pas petit. C’est précieux.
Et ça mérite d’exister.
T’as aimé? Dis-le avec un ❤️ ou un p’tit mot. Ou en l’envoyant à un ami qui aimerait.
C’est très juste et on l’oublie trop souvent. De manière générale, je crois qu’il vaut mieux éviter de se comparer. Chacun avance à son rythme et crée à sa façon !
Merci Kathy pour cet article. Ma réaction a été de me dire que c’était chouette de les avoir ici car j’aime les lire (surtout Dan Koe). Tout se concentre au seul endroit où je suis aussi. Plus facile et pas intimidant. On a chacun et chacune notre petit ou grand cercle de lecteurs. Le principal est de continuer à y prendre plaisir.