Ta pile à lire n’est pas une to-do
Lire moins, mais mieux : ce que j’ai compris en abandonnant des bouquins
Il y a quelques années, je gardais chaque livre entamé comme un contrat moral. Même ceux qui m’ennuyaient à mourir. Même ceux dont le style me hérissait le poil. Même ceux que je lisais à reculons, comme on finit son assiette par principe.
Je me sentais coupable d’arrêter. Comme si fermer un livre, c’était admettre que j’avais échoué. Comme si les pages me regardaient de travers : « Vraiment? Tu lâches déjà? »
Mais ce que j’ai fini par comprendre, c’est que lire n’a rien à voir avec le mérite. Lire, c’est une relation. Et parfois, la meilleure chose que tu peux faire pour cette relation-là, c’est de la laisser aller.
Lire n’est pas une performance
On vit dans une époque où même nos loisirs se transforment en objectifs. Finir un livre devient une case à cocher. Comme s’il fallait rentabiliser chaque minute passée à tourner des pages.
Mais lire un livre du début à la fin, juste pour dire que tu l’as lu, c’est un peu comme rester dans un mauvais souper parce que t’as déjà commandé l’entrée. Tu n’en sors ni plus heureux, ni plus nourri. Juste plus fatigué.
Abandonner un livre, ça veut pas dire que t’es paresseux ou que tu manques de persévérance. Ça veut simplement dire que tu choisis de préserver ton temps et ton énergie. Si un livre ne t’intéresse pas, pourquoi t’acharner?
Abandonner un livre, ce n’est pas abandonner la lecture
C’est tout le contraire. C’est se rappeler pourquoi on lit en premier lieu : pour s’éveiller, pour réfléchir, pour ressentir, pour s’ouvrir. Pas pour s’ennuyer en silence sous prétexte qu’un inconnu a mis deux ans à écrire ce pavé.
Voici quelques raisons valables (et fréquentes) pour fermer un livre sans se flageller :
Le style te tombe sur les nerfs : Si chaque phrase te donne envie de lever les yeux au ciel, ça sert à quoi de continuer?
T’es pas dans le bon mood : Certains livres nécessitent une énergie mentale ou émotionnelle que t’as juste pas en ce moment (et c’est correct de les reprendre plus tard… ou jamais).
T’as compris l’idée principale au bout de 50 pages : Si le reste du livre fait juste tourner autour du même concept, pourquoi perdre des heures là-dessus?
Les personnages ou l’histoire ne te captivent pas : Un roman, ou même un livre business, ça doit t’absorber, te faire oublier que t’es assis dans ton salon en pyjama. Si ça marche pas, passe au prochain.
Tu n’arrives tout simplement pas à te concentrer :
Et c’est correct. T’as le droit de lire selon ton rythme, ton humeur, ton attention.
Fermer un livre, c’est respecter ton énergie
Lire demande une forme d’attention qu’on n’a pas toujours envie d’accorder à n’importe quoi. Dans un monde saturé de contenu, savoir où mettre son focus, c’est une compétence. Pas une faiblesse.
Si un livre ne t’alimente pas, pourquoi insister? Lire, ce n’est pas souffrir. C’est choisir consciemment ce à quoi tu offres ton esprit.
Et non, ce n’est pas « jeter » le travail de l’auteur. C’est simplement reconnaître que ce n’est pas pour toi. Et entre nous, je pense qu’un auteur préférerait être lu avec intérêt plutôt qu’avec résignation.
Comment laisser aller un livre sans culpabilité
Voici mes trucs pour laisser aller sans remords :
Rappelle-toi que ce n’est pas un contrat : Personne t’oblige à finir un livre. Ni l’auteur, ni ton prof du secondaire, ni Oprah.
Donne-lui une deuxième chance (ou pas) : Si t’hésites, mets le livre de côté pour quelques semaines. Des fois, un peu de distance change tout. Sinon, dis-toi qu’il trouvera son lecteur ailleurs.
Donne, échange ou recycle : Laisse le bouquin vivre une autre vie au lieu de le garder sur ta tablette comme un trophée de honte.
Garde une liste de tes livres abandonnés : Pas pour te juger. Pour observer. Pour assumer. Pour voir ce que tu choisis de ne plus laisser entrer.
Ce que j’ai gagné en laissant tomber certains livres
Le plus grand changement? J’ai recommencé à lire avec envie. J’ai reconnecté avec ma curiosité. Je me suis réconciliée avec ma pile à lire (PAL).
Aujourd’hui, chaque nouveau livre que j’ouvre, je le choisis. Et si je le referme après 40 pages, ce n’est pas un drame. C’est un acte de lucidité.
Fermer un livre, ce n’est pas tourner le dos à la lecture. C’est t’ouvrir à celle qui t’attend vraiment.
Si ça t’a fait réfléchir, viens me le dire. Ou partage-le à quelqu’un qui devrait lire ça.